Presqu’île de Solak, au nord du cercle polaire arctique. Quatre hommes dans une station isolée que l’hiver emprisonnera bientôt pour six mois dans les glaces et la nuit. L’un des gars se fait sauter le caisson. En reste trois. Piotr le narrateur, vieux militaire reclus depuis vingt ans à Solak où il digère sa misanthropie. Son subalterne Roq, brute épaisse et bas de plafond qui prend un plaisir jouissif à dégommer tout ce qui porte une fourrure. Et puis Grizzly, doux poète passionné, un scientifique dont la mission est de sonder le glacier proche. L’histoire débute alors que le corps du quatrième larron est hélitreuillé vers l’ailleurs, et qu’en échange, les trois résidents héritent d’une jeune recrue à l’uniforme. Un bleu maigrichon et muet qui ne semble pas taillé pour l’endroit. Ainsi le décor est planté.
Solak, c’est d’abord une ambiance de huis clos au milieu d’une immensité dangereuse balayée par les vents. Solak, c’est aussi et surtout un style qui charge en bourrasques métaphoriques et en blizzard d’images tantôt charnelles tantôt minérales. Ce récit à la première personne jaillit de la cervelle du vieux Piotr avec une brutalité poétique. Il est étonnant de trouver une langue si belle et enluminée dans la voix intérieure de cet homme peu cultivé. Même si le discours est émaillé de vulgarités, de formules populaires et d’une syntaxe volontairement déconstruite, on ne parvient pas à se détacher d’une certaine impression de décalage entre l’homme et ses mots. Mais je n’ai pas pour autant boudé mon plaisir de caracoler au rythme de ces phrases si bien alambiquées. Car l’alchimie du vent, de la glace et de l’isolement opère avec un charme dont on pressent qu’il nous emmène vers le drame. La tension est savamment distillée et la conclusion bouleversante à souhait. Alors même si les ficelles de ce final m’ont paru un peu grosses, je retiens l’éclosion d’une plume de talent dont j’espère qu’elle n’a pas fini de nous montrer de quoi elle est capable.
Un grand merci à la Librairie "Un fil à la page" de Mordelles pour m'avoir permis de découvrir en avant-première ce roman d'une compatriote bretonne. Reçu en Service Presse avant sa parution le 5 mai 2021.
Merci pour votre retour de lecture @dvall , voici le mien en partage.
Sur Solak, presqu’île située au Nord du Cercle Polaire Arctique, se trouve une base militaire, très éloignée du monde des hommes. Y vivent trois hommes mais au début du roman, un quatrième personnage vient les rejoindre, hélitreuillé par l’hélico qui apporte le ravitaillement chaque printemps polaire. Cette nouvelle recrue va venir perturber l’équilibre précaire qui existait entre ces trois hommes qui survivent ensemble sur ce bout de glace. On va découvrir comment ils vont réussir, ou pas, à traverser ensemble cette nuit polaire « La Grande Nuit » qui s’annonce. Comment ils vont cohabiter dans cet espace très resserré de baraquements, cernés par la nuit polaire, isolés dans cette immensité glacée. Ils vont se retrouver face à eux-mêmes, à leur humanité et surtout à leur passé qui va ressurgir. Parmi ces quatre personnages, trois sont des militaires, Piotr, Roq et le gamin qui ont pour mission/punition de « garder le drapeau » tandis que le quatrième personnage, Grizzly, est un scientifique qui effectue des observations climatiques. Qu’ont-ils donc tous fait pour se retrouver ainsi isolés du monde des hommes ?
L’intensité narrative de ce thriller à la langue brute et poétique est intensifiée par l’immensité glacée de la banquise et la nuit polaire arctique. Dans ce huis clos du bout du monde, les personnages, débarrassés des convenances sociales sont mis à nu, face à eux-mêmes et à la nature hostile .Il n’y a plus de faux semblants possibles.
L’intrigue, qui sourd à chaque page et crée une atmosphère lourde et oppressante se révèle dans une fin surprenante que je n’avais pas vu venir.
Merci pour votre retour de lecture, @Katili. Content que ce premier roman de Caroline Hinault vous ait plu.
@dvall , @kryan , @Katili voici mon avis sur ce Polar/Aventure.
Un huis clos, dans un paysage ouvert à l'infini, sauvage et glaciale, des personnages qui sont face a eux même, les comportements sont décortiqués, un livre profond, haletant, à couper le souffle. La tension monte avec la colère et la rage du narrateur. Une plume brutal, singulière et poétique. Un final qui vous percutera frontalement, éblouissant.
"Depuis le temps, je connaissais ça par cœur, les grandes vagues vertes et violettes piquées de blanc, les ondulations qui vous ensorcellent le regard avec leur roulis magnétique, même si c’est comme tout, cette beauté-là, il faut se méfier de son envers. Grizzly et le gosse tendaient le cou, attirés eux aussi par la créature mouvante qui leur échappait tellement que, sous leur cagoule, je les devinais entrouvrir la bouche comme des enfants de chœur, espérant peut-être recueillir sur la pointe de la langue un bout de confetti lumineux, une poussière d’hostie astrale qui les ramènerait dans le monde des vrais vivants."
@spitfire89 , effectivement, un polar brutal avec un final qui nous laisse pantois.
@spitfire89 merci pour ce retour sur ce roman, je suis entièrement d'accord !