Jérémie Foa, maître de conférence en histoire moderne d’Aix-Marseille université, porte un regard neuf sur le massacre de la Saint Barthélémy. On en connaît le déroulement, Catherine de Médicis veut marier sa fille la catholique Marguerite de Valois (la reine Margo) avec le protestant Henri de Navarre afin de sceller la réconciliation entre français, les réformés affluent en masse à Paris. Mais le 22 août 1572 Gaspard de Coligny, un des grands chefs protestants, est blessé victime d’un attentat. Ses lieutenants crient au complot et le 23 août le conseil du roi décide l’arrêt de mort des chefs protestants. Le 24 août au son du Tocsin 3000 protestants sont assassinés, le massacre s’étend à la province, 10000 religionnaires perdent la vie.
L’historien veut se pencher sur « ceux d’en bas », les français victimes et bourreaux. Pour cela, Il étudie les archives, les registres d’écrou de la conciergerie, les registres notariaux, les mémoires. Il retrouve la trace de français ordinaires comme par exemple Marie Robert ou Mathurin Lussaut persécutés arrétés,violentés,assassinés, jetés dans la Seine au nom de la vraie religion. Il présente aussi leurs bourreaux, ce sont le plus souvent leurs voisins. Certains sont très actifs depuis 1562 tel Thomas Crozier, porteur de la chasse de Sainte Geneviève. Avec ses deux beaux frères Étienne Doullié et Johan Durantel, ils forment un groupe soudé. Artisans et bourgeois ayant pignon sur rue, ils appartiennent à la milice du quartier dirigée par le capitaine Nicolas Pézou, un autre tueur catholique. Ils connaissent bien leur environnement et les protestants qu’ils ont déjà arrêtés et enfermés à la conciergerie.
Jérémy Foa en tire plusieurs conclusions.
Les historiens jusqu’à présent ont voulu faire de Catherine de Médicis et de son fils les uniques responsables des massacres, mais pour tuer il faut identifier, dénicher, arrêter. Ces miliciens connaissent bien leurs voisins, ils ont en tête leurs adresses et quand le tocsin retentit ils se précipitent pour se livrer à leur triste besogne. Et donc il refuse d’adhérer à la thèse d’un massacre décidé d’en haut et effectué par une foule anonyme, les assassins ont des noms et appartiennent à des groupes connus composés de catholiques fanatiques.
L’auteur reconnaît avec la plupart des historiens que l’ampleur du massacre n’a pas été préméditée mais il souligne qu’il a été préparé. Depuis 10 ans les assassins catholiques ont collecté un ensemble d’informations précises concernant leurs voisins protestants, qu’ils ont utilisé le jour j pour les massacrer.
Enfin pourquoi s’acharner sur les cadavres, les mutiler, les défigurer ? Il faut différencier les protestants des catholiques, les transformer en monstres, ils deviennent alors semblables aux représentations des pêcheurs condamnés aux enfers
Cependant il ne faut pas désespérer de la nature humaine, certains catholiques font preuve d’humanité, l’homme a toujours le choix, ainsi Benoît Therchaud et Pierre d’Arras sauvent à Lyon Augustin Cerize, leur voisin, en lui fournissant un certificat de catholicité, établi devant notaire.
Merci beaucoup @Herodote480 pour nous avoir partagé votre avis très complet sur ce livre. 
Est-ce que le livre relève de la fiction ou tout est vrai ?
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