"On était des poissons" de Nathalie Kuperman (Editions Flammarion): un grand roman

‎18-04-2021 11:19

"On était des poissons" de Nathalie Kuperman (Editions Flammarion): un grand roman

Ils sont rares ces romans qui vous éprouvent physiquement et psychologiquement. Qui vous donnent envie de hurler, de pleurer. Que vous lisez avec la sensation d'avoir un poids qui vous empêche de respirer.
On était des poissons est de cette trempe: un grand roman dramatique qui vous emporte, vous retourne et vous laisse groggy et en état de choc longtemps après l'avoir refermé.
 
Pitch (4ème de couv):
""Demain, gare de Lyon, départ à 9h37. T'es contente? Je ne savais pas si j'étais contente ou pas. Je trouvais que tout allait trop vite. Je ne pourrais dire au revoir à personne, ne pourrais me réjouir quelques jours auparavant à l'idée du départ. Pourtant, j'ai répondu Oui. Parce que je sentais, peut-être pour la première fois, que ma mère n'était pas prête à écouter mes états-d'âme. Papa, il est au courant? Laisse ton père où il est. Il verrait d'un mauvais œil que je te fasse rater les derniers jours de classe. Il me ferait la morale, et la morale, je n'aime pas ça."
Cet été-là, Agathe le passe échouée sur une plage de la Côte d'Azur au côté d'une mère dont la folle excentricité l'inquiète. Cette dernière la presse de grandir vite et la petite fille devine qu'elle a quelque chose d'urgent à lui dire. Mais quoi? Emportée dans le sillage de cette mère-poisson, ce n'est que des années plus tard, en déroulant le souvenir à vif de ces jours plein de bruit et de fureur, qu'elle le découvrira enfin."
 
 
Je ne suis pas encore complètement ressortie de cette lecture alors que j'écris cette chronique. Toujours sonnée par la puissance dramatique de l'histoire. 
Dès les premières pages, on pressent que cette mère fantasque va nous entrainer au fond du gouffre avec sa fille Agathe. Que son excentricité n'est pas solaire, mais que le désespoir est en train de la bouffer de l'intérieur. 
Pour endurcir sa gamine, pour la préparer au pire, Alice la pousse à la détester en lui faisant subir humiliations, violences psychologiques, privations. Mais continue à la nommer avec des sobriquets d'amour maternel fou. Agathe est son macaroni, sa sardine, sa biscotte d'amour. Elle l'empêche de manger, de boire, lui fait croire qu'elle est morte en la laissant seule sur la plage. Puis lui offre des glaces et dort enlacée avec elle. Alice sombre bruyamment, ne pouvant contenir ses émotions qui s'expriment par un comportement toujours plus excessif et explosif dont Agathe est la spectatrice et la victime.
Le naufrage d'Alice est raconté par Agathe, du haut de ses onze ans, qui lutte pour sauver sa mère d'elle-même, n'arrivant pas à l'abandonner tout à fait, ni à la détester franchement.
 
Une histoire terrible portée par une plume d'une sensibilité incroyable pour décrire les émotions que traverse Agathe. Nathalie Kuperman arrive à transcrire la volubilité d'Alice, et cette frontière flou d'Agathe d'avec sa mère par une écriture qui, dans le prolongement d'une même phrase, fait parler la mère et la fille, les délires de l'une avec la perception qu'en a l'autre.
 
Un roman impossible à oublier.
Une Baignoire d'Or.
Et mon favori désormais pour le Prix du Livre France Bleu/Page des Libraires.
 
(Mais il reste deux romans à découvrir... A suivre sur la page FB d'Un Livre dans ma Baignoire ici !)
ULDMB TXT.jpg
 
 
Laure / Un Livre dans ma Baignoire
Les dernières discussions
Tout afficher >
"Je suis maître de ma vie alors autant créer de belles choses, et chasser celles sur lesquelles je n'ai aucun pouvoir. À...
Une héroïne que rien n'arrêtera et un univers fantasy sombre et fascinant, entre action spectaculaire, magie manipulatoi...
Bonjour mes amis, Je viens de terminer un excellent thriller dystopique, que j'adore, tout comme les thrillers, 04...

Les membres favoris du mois

Tout afficher >