Guillaume Martin n’est pas seulement un coureur cycliste talentueux, 8 ème du Tour 2021, c’est aussi un intellectuel diplômé d’un Master en philosophie. Son expérience au sein du peloton oriente sa réflexion sur le rapport entre le groupe et l’individu. Le coureur à besoin du groupe pour exister, c’est une micro société qui a ses règles, sa hiérarchie, ses coutumes. Il appartient aussi à une équipe qui suit une stratégie, il se met ainsi au service du champion, les intérêts individuels s’efface devant l’intérêt du groupe. Dans une échappée, les coureurs d’équipes différentes doivent d’abord œuvrer ensemble pour résister au peloton, chacun doit donc fournir la même quantité d’effort, il faut résister à la tentation « d’en garder sous la pétale »pour s’imposer au final sous peine de voir l’échappée se désunir. Donc pas de groupe pas de champion, un peloton composé de coureurs isolés guidés uniquement par l’intérêt personnel n’est pas viable et des dérives comme le dopages se généraliseraient. Cependant le groupe peut aussi étouffer l’individu, ainsi le coureur peut renoncer à se lancer dans une échappée solitaire alors que sa forme est au top et que les circonstances de la course sont favorables. Il doit se plier aux consignes de son directeur sportif et donc se sacrifier et se mettre au service du champion. Le peloton peut aussi étouffer toute tentative.
Alors comment concilier intérêt individuel et intérêt collectif ? Les philosophes apportent des réponses. Platon affirme que seule la connaissance permet de dépasser notre condition particulière « pour accéder à quelque chose de supérieur », Schopenhauer pense que l’art permet à l’homme d’atteindre l’universel et Kant affirme que la morale peut jouer ce rôle. Pour Guillaume Martin ces réponses ne sont pas satisfaisantes car elles ignorent l’individu et son « engagement formel dans le monde » Il prône une « resolidarisation » et une « éthique égoïste ». Il s’agit de faire confiance à son intelligence instinctive, le sport permet d’atteindre notre part d’animalité, nous découvrons alors qui nous sommes et ce qui nous rattache à la terre. L’objectif c’est d’élaborer sa propre cohérence, sa propre éthique. Jacques Anquetil demeure pour l’auteur un modèle lorsqu’il déclare « la discipline imposée me rebute et me déprime, celle que je m’inflige me suffit. Je n’accepte pas les ordres qui vont à l’encontre de mes opinions ou de ma volonté »
Ce livre intéressera les passionnés de la petite reine car pour expliciter son point de vue, l’auteur va chercher de nombreux exemples dans le monde des courses cyclistes. Il ne peut laisser indifférents aussi les simples citoyens. Essayons de trouver une réponse à cette question : pourquoi persister dans des comportements, et des habitudes de consommation à l’origine du réchauffement climatique qui conduit l’humanité au bord du gouffre ?
Merci @Herodote480 de partager avec nous ce livre ! Il s'agit d'une lecture très intéressante qui semble donner envie de réfléchir. Alors pour vous, quelle réponse donner à votre question ?
L’intérêt individuel prend le pas sur l’intérêt général. Fin du mois ou fin du monde, nos soucis quotidiens et nos habitudes de consommation nous aveuglent, nous oublions nos responsabilités à l’égard de l’humanité et de la planète