La contrée obscure, de David Vann

‎08-07-2023 14:31

La contrée obscure, de David Vann

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La contrée obscure

David Vann

 

Le nouveau roman de David Vann, chronique d’un périple destructeur. Fidèle à son style incisif et à sa syntaxe distinctive, l’auteur met de côté son thème de prédilection du dysfonctionnement familial pour écrire sur des racines plus profondes encore. Cette fois, il s’agit de la relation aux pères, autrement dit aux ancêtres et à l’Histoire de son peuple. Car David Vann possède des origines cherokees et veut y rendre hommage avec ce roman à deux arcs narratifs entrelacés. Le premier décrit l’avancée en terres hostiles du conquistador espagnol Hernando de Soto, gouverneur de Cuba et marquis de La Florida. Le second est un récit cosmogonique, mystère de la création du monde et des peuples premiers, au travers du mythe de l’Enfant Sauvage.

 

L’Enfant Sauvage, né des viscères de gibier et de l’eau d’une rivière, capable de se changer en plume, en courant d’air ou en flamme. Il sème le chaos sur son chemin, n’apporte à son jeune frère que perdition et incompréhension. De Soto, obnubilé par l’or et la gloire. Il considère les terres de La Florida comme son fief et les natifs comme ses esclaves, moins que des Hommes. Ces deux personnages sont avides de sang et de destruction, et font trembler le monde par le changement.

 

Malgré un tableau de départ prometteur, ce roman m’a déçu en regard de mes expériences précédentes avec l’auteur. Le récit créateur, par son côté fantastique et la relation toxique unissant les deux frères, m’a davantage plu que celui sur la progression de de Soto dans La Florida. L’avancée de son armée dans les terres marécageuses et pinèdes interminables est ponctuée par les conflits incessants avec les indigènes, les scènes de torture, de viol et de démembrement. Les dialogues entre de Soto et ses hommes souffrent de platitude et d’une sempiternelle acrimonie. Le seul personnage sortant vraiment du lot est celui d’Ortiz, un Espagnol égaré entre deux mondes et deux cultures, tenant le rôle de guide et interprète pour le conquistador. Ce roman, lesté par la superficialité et l’enlisement, n’est selon moi pas le meilleur de David Vann, mais il laisse songeur sur la relation entre destruction et création.

 

Roman lu en service presse

Parution le 17 août 2023

 

La contrée obscure : David Vann - 2351783158 | Cultura

3 Réponses 3
‎08-07-2023 16:31

Re: La contrée obscure, de David Vann

Dommage @dvall je l'attendais avec impatience.

Mais je n'ai pas tout aimé de lui, L’Obscure Clarté de l’air ne m'a pas accroché du tout.

Vivement le prochain.

‎08-07-2023 17:06

Re: La contrée obscure, de David Vann

Je ne dis pas que c’est un mauvais roman, @IsaPouteau, mais il ne s’est pas révélé à la hauteur de mes espérances, surtout sur un sujet dont j’attendais beaucoup. Avec 150 pages de moins, peut-être que l’impression d’enlisement n’aurait pas été si flagrante… Restent ces dialogues qui n’apportent aucun fond intellectuel et ne permettent que d’appuyer la médiocrité humaine de ces conquistadors. Comme toi, je n’avais pas été aussi emballé par « L’Obscure clarté de l’air » que par d’autres romans de David Vann, mais étrangement son souvenir est encore très présent dans ma mémoire.

‎09-07-2023 08:36

Re: La contrée obscure, de David Vann

@dvall Quand on aime un auteur on est forcément plus exigeant et donc parfois déçu. C'est incontournable je pense.

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