Qui savait qu’il y avait eu, entre 1940 et 1945 sur l’Île Maurice, une prison pour des réfugiés juifs refoulés de Palestine ? Je le découvre avec ce roman de Natacha Appanah qui nous révèle ce fait historique, au travers de l’histoire d’une famille pauvre mauricienne, qui après un grand malheur, vint s’installer à Beau-Bassin, juste à côté de cette prison.
Taj, un homme au crépuscule de sa vie, se souvient de ce père noyé dans l’alcool et violent, qui y travaille comme gardien et de sa mère « un peu magicienne » qui l’élève dans leur misérable cabane isolée en pleine forêt.
Mais sa vie change lorsque le petit garçon de 9 ans, croise la route de David, un garçon tchèque, d’un an son aîné qui vit depuis 4 ans dans ce camp.
Cette émouvante histoire nous raconte l’amitié de ces deux enfants en souffrance qui, malgré leurs différences, d’origine, de milieu et de langue, parviennent à créer autour d’eux un monde unique fait d’amour et de complicité, comme une bulle que rien ne pourra atteindre.
Tantôt hostile, tantôt accueillante, l’Île Maurice est au centre du récit, et qu’elle soit noyée sous des torrents de boue, ou parfumée et colorée de milliers de fleurs et de fruits, elle en est un personnage à part entière.
Les mots de Natacha Appanah me vont droit au cœur et j’ai vibré d’émotion pour ces deux garçons qui ont cru un instant, qu’ils avaient enfin droit au bonheur.
Je suis toujours émerveillée par la capacité de cette autrice à nous faire éprouver tant d’empathie pour ses personnages, tout en nous transportant dans des contrées de l’autre bout du monde.
Le feu d’artifice de sensations de ce très beau roman m’a totalement conquise et je me souviendrai longtemps de ce « dernier frère ».
