50 ans du Guide du Routard : rencontre avec Philippe Gloaguen
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🌍 Le Guide du Routard fête ses 50 ans 🌍

 

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1973 - 2023 🌍

Le célèbre Guide du Routard fête cette année ses cinquante ans !  Avec 55 millions de guides vendus depuis le tout premier Routard en 1973 et 2,5 millions d'exemplaires édités chaque année, le succès du Guide du Routard ne faiblit pas depuis sa création. 

Depuis la publication du tout premier guide en mars 1973, Philippe Gloaguen est toujours aux manettes. Il a accepté de répondre à nos questions. Secrets de réalisation d'un guide, création du célèbre logo, engagements écologiques... Philippe nous dit tout. Depuis 50 ans, son métier c'est nos vacances !

 

 

  • Bonjour Philippe. Nous sommes ravis de vous accueillir pour la première fois sur CulturaLivres pour fêter les 50 ans du Guide du Routard. Présentez-vous s’il-vous-plaît. Quel est votre parcours professionnel ?

Bac en poche à 16 ans, j’entre à l’ESCP. Je me destine à je ne sais quelle carrière... Ou plutôt si ! En secret, je me rêve journaliste. Grand reporter, pour être exact. Un peu de piston ou un nom célèbre me donnerait un sérieux coup de pouce. Mais je n’ai rien de tout ça en magasin. Pourtant, je ne renonce pas. Je tente de franchir le barrage des hôtesses à Paris Match. En vain. Jean-François Bizot, le patron du magazine Actuel, me reçoit. Je suis un gamin de 19 ans. Et je vais devenir pigiste. C’est un bon début. Ainsi, à 21 ans, je me partage entre Actuel, le temple de la marginalité, et Pilote, vivier de stars de la BD. Mine de rien, je côtoie Goscinny, Bretécher et Uderzo. En fait, je vais leur chercher des bières... Je suis un jeune homme insouciant et heureux. Je propose à Bizot mon premier papier « La route des Indes » et il dit banco ! Mes six feuillets seront publiés et appréciés des lecteurs. Mon rêve prend forme dans l’insouciance la plus totale. « T’es le Gault et Millau du pauvre, toi !, s’amuse Bizot. Il n’y a pas de guide sur l’Inde en France. Eh bien, on va en faire un » ! Avec mon complice, Michel Duval, nous nous saisissons de l’idée qui émerge. L’aventure commencera réellement avec Hachette ! La suite, vous la connaissez...

 

 

  • Qu’est-ce qui vous a donné le goût du voyage ?

Mon père était instituteur. Pour lui, la culture se faisait par les livres et les voyages. Très jeunes, nous sommes allés en famille visiter Verdun, le Mont St-Michel et plein de cathédrales. Selon lui et à juste titre, on pouvait s’améliorer par la connaissance. On connaissait l’exotisme puisqu’on était parti en Espagne. Quelle rigolade. On commandait dans les restos sans rien comprendre. …

 

 

  • Quel a été le tout premier Guide du Routard publié ? Racontez-nous sa création.

J’ai toujours été attiré par les parfums d’Orient. L’histoire du bouddhisme et de l’hindouisme m’intéressait. C’est décidé, en cet été 1971, je relève le défi. En route pour les Indes ! En solo. Un brin dangereux, tout de même.

Mais à bas les dégonflards. J’ai inventé ce mot car je trouve qu’il est bien plus fort que « dégonflé » ! Avec quelques francs en poche, je rallie Istanbul. L’aventure commence à la station de métro Porte de Charenton et il va s’agir d’apprendre à lever le pouce. Juché sur une mob bleue pétaradante, un compatriote rencontré en Macédoine, sera un temps son compagnon de voyage. Je ne l’oublierai pas. Un type capable de jeter son appareil photo à la baille « parce qu’il a compris que cet engin allait l’empêcher d’entrer dans son voyage » n’est pas le baroudeur lambda ! Ce périple fut marquant à bien des égards. Mon premier road trip au long cours en mode roots. Premier papier proposé au patron d’Actuel qui dit banco avant le grand départ. Qui tient promesse au retour. Et qui publie les 6 feuillets titrés « La route des Indes » dans son magazine. Les lecteurs réagissent. Un ton décalé est inventé. Mon rêve de jeune routard prend forme dans l’insouciance la plus totale. Jean-François Bizot apprécie l’audace, le sérieux, la sincérité et la plume. « Il n’y a pas de guide sur l’Inde en France » me lance-t-il. Je lui réponds : « On va en faire un ! »

 

 

  • Le désormais très célèbre logo du Routard, ce voyageur qui porte le monde en sac à dos a beaucoup évolué au cours de ces 50 dernières années. Racontez-nous sa création. Est-il présent dès le tout premier Guide ?

Non, sur le tout 1er guide de 1973, il n’y avait pas le célèbre logo. C’est Hachette en 1975 qui en voulait un pour symboliser l’esprit de la collection. Il a été dessiné par Solé que j’ai connu à Pilote.

Au cours des années, on lui a coupé les cheveux et rasé sa moustache !

 

 

Couverture des guides du routard en 50 ans.png

 

 

  • Quelle vision du voyage souhaitez-vous transmettre à travers le Routard ? A-t-elle évolué en 50 ans ?

Les grandes valeurs du Routard sont présentes dès la 1ère édition : tolérance, respect, liberté… Et puis avec les années, on a développé les Droits de l’Homme et l’environnement. On veut surtout dire qu’à l’étranger, l’étranger c’est nous. Donc pas de jugement sur les autres façons de vivre.

 

 

  • Tourisme responsable, crise sanitaire, émergence d’Internet et des réseaux sociaux… En 50 ans le Guide du Routard a su se renouveler pour s’adapter au secteur du tourisme en constante évolution. Quelle est la recette de votre succès ?!

Depuis 2010, professionnels et acteurs du tourisme sont sensibilisés au changement climatique et à ses désastreuses séquelles. Les voyageurs le sont aussi ! Ils comprennent l’urgence de passer au tourisme responsable et agissent en décidant, par exemple, de rallonger leur séjour hors de nos frontières et, dans l’Hexagone, de privilégier les déplacements en train. Les nostalgiques des mythiques trains de nuit saluent leur récente mise en circulation. Écologie et plaisir sont deux mots qui vont si bien ensemble... Précurseur, Le Routard impulse une autre façon de voyager avec sa rubrique Pas de côté. Combattre l’affluence excessive et les inconvénients que cela engendre, désengorger des sites bondés, fluidifier les visites pour offrir une découverte de qualité... Le tourisme a un rôle majeur à jouer : c’est le credo du Routard.

À l’ère du tout numérique, on ne jure plus que par les applis, le net et les réseaux sociaux. Les infos circulent à la vitesse d’une fusée, à coups de posts assassins ou abusifs. Les influenceurs font et défont les réputations. Mais, dans nos vies dématérialisées, Le Routard résiste bien ! Son format idéal permet de le glisser dans tous les sacs à main, sacs à dos, sacs de voyage ou encore dans une poche de pantalon... Plus qu’un outil indispensable, c’est un compagnon de route. On prend des notes sur le cahier final prévu à cet effet, on annote, on surligne ou on arrache un plan... En un mot, on le fait vivre ! Le guide se compulse non-stop. Avant, pour la préparation du voyage. Pendant, pour ne rien manquer sur place. Après, pour se remémorer les étapes phares du périple. Et se délecter des anecdotes, légendes, petite et grande histoire grâce aux fameux encadrés rouges, image de marque du Routard. Une mine d’or.

 

 

  • Le secteur du tourisme a beaucoup souffert ces dernières années à la suite de la crise sanitaire. Comment se porte le secteur du livre de voyage ?

Après en effet 2 années difficiles liées aux contraintes des différents confinements, la fermeture des frontières de certains pays, 2023 marque le grand retour des guides de voyage. Le marché qui avait commencé à reprendre des couleurs en 2022, revient en 2023 à ce qu’il était avant la crise sanitaire. Nous pouvons le voir également dans le choix des destinations. Pendant 2 années, les destinations en France ont eu le vent en poupe, les tendances à présent s’inversent. Les demandes de guides sur les destinations lointaines explosent ainsi que celles sur les destinations Europe. Les voyageurs, après en avoir été privés pendant de longs mois, veulent repartir.

 

Beaux livres du Routard.png

 

 

 

  • Parlez-nous des secrets de fabrication d’un guide : combien d’enquêteurs travaillent à la rédaction d’un guide ? Combien de temps faut-il pour faire un guide ? Combien d’adresses sont testées en moyenne pour chaque guide ? Comment traitez-vous le courrier des lecteurs pour la mise à jour des adresses ?

Un guide requiert 4 à 5 enquêteurs sur le terrain, et ce, pendant plusieurs mois. Au total, avec le travail éditorial, une nouveauté nécessite une année. Le début de la rédaction d’un nouveau guide commence toujours par une enquête approfondie. Sur place, l’enquêteur traque l’info, ouvre grand ses yeux et ses oreilles, et la vérifie auprès des offices de tourisme, des commerçants et des personnalités locales. Les chauffeurs de taxi sont également d’excellents informateurs. De même, les Alliances françaises et les consulats s’avèrent de très bons conseillers. Ils informent sur les curiosités du pays ou de la région et permettent de réaliser une analyse rapide de la sécurité sur le site. Une fois arrivé à destination, le rédacteur se déplace dans les villes, le plus souvent à pied, afin de rencontrer et échanger avec les locaux. Les informations dénichées grâce aux habitants sont les plus fiables ! Après avoir préalablement répertorié sur une carte l’ensemble des adresses à visiter, l’enquêteur quadrille les secteurs en colimaçon pour être le plus efficace possible. Son temps est précieux. Il s’organise en fonction des horaires d’ouverture de chaque lieu.

La rédaction-en-chef du guide attache une importance capitale au courrier des lecteurs. C’est le baromètre indispensable pour appréhender une ville ou un pays. Grâce aux 10 000 lettres et environ 25 000 mails reçus annuellement, la direction vérifie chaque remarque. Ainsi sont dénichés de magnifiques sites fréquentés uniquement des autochtones ou découverts par hasard par des lecteurs partageurs… Chaque guide peut faire l’objet de plusieurs réimpressions annuelles. À chaque fois, des modifications et des mises à jour précises sont effectuées. Chaque année, les rédacteurs assistent à un séminaire pour connaître les attentes des lecteurs, se former à de nouvelles techniques d’enquête ou d’informatique. Le rédacteur doit faire preuve d’une faculté d’adaptation totale et adhérer à la culture du pays afin d’être autonome et crédible dans ses recherches.

 

 

  • Une mission qui fait rêver : enquêteur pour Le Guide du Routard. Comment devient-on enquêteur ?

Il faut écrire à la rédaction (guide@routard.com) et envoyer son CV. Nous recevons BEAUCOUP de demandes, chaque semaine... ! Smiley MDR

 

 

  • Si vous ne deviez emporter qu’un seul Guide du Routard en tour du monde, lequel choisiriez-vous ?

Mon guide préféré est le beau livre France. Il pèse 2,2 kg ! tous mes engagements, mes partis pris, mes tocs de voyage y sont. C’est mon ouvrage le plus personnel. J’en suis fier parce qu’il s’est très bien vendu.

 

Guide du Routard - voyages France 

 

10_9782017100737_1_75.jpgRésumé : Le Routard vous invite à un tour foisonnant et savoureux de tout ce qui fait la France.


Dans ce livre « hors norme », + 1001 idées de voyages et d'expériences pour (re)découvrir l'hexagone :
Les plus beaux road trips.
Les plus beaux treks et les plus belles pistes cyclables.
Les îles pour prendre le large.
Les meilleurs festivals.
Les plus beaux trésors de notre patrimoine : châteaux, cathédrales, villes fortifiées, jardins...
Les plats régionaux mais aussi la street food.
Un tour d'horizon des fromages et du vin.
Sans oublier la France coquine, la France des légendes...

Le Routard a mis toute son expérience et son savoir-faire pour vous proposer plus qu'un livre, un véritable voyage à lui tout seul ! Ouvrez-le, et vous ne serez pas prêt de le refermer...


Et en prime, des cartes postales, des dossiers pratiques, des centaines de photos et des illustrations originales, plus sublimes les unes que les autres, font de ce livre un objet exceptionnel... pour préparer sa prochaine aventure ou voyager depuis son salon !

 

  • Quelles actions sont prévues dans le monde du livre pour fêter cet anniversaire ? Que nous réservent les 50 prochaines années ?!

Il y a d’abord eu la sortie du très beau livre Les 50 voyages à faire dans sa vie, une manière de souffler nos 50 bougies dans le partage et la reconnaissance. En 2024, la sortie d’un film évoquant les aventures désopilantes d’un jeune rédacteur du Routard. On a plein d’idées pour les 100 ans du Routard !

 

47_9782017171799_1_75.jpgLes 50 voyages à faire dans sa vie

À l'occasion de ses 50 ans, le Routard voit les choses en grand avec un beau-livre exceptionnel !
Les auteurs du célèbre guide nous confient tous leurs trésors et nous embarquent pour un tour du monde en version XXL des 50 plus beaux voyages de la planète.
Sillonner les parcs nationaux de l'Ouest américain, découvrir les merveilles d'Islande, aller au bout du monde en Patagonie, plonger au cœur des temples d'Angkor, remonter jusqu'aux sources du Nil, dévaler les pentes du Kilimandjaro, partir à la recherche des légendes écossaises ou de quelques îles secrètes en Grèce...
50 voyages tous plus exceptionnels les uns que les autres, sur tous les continents !
Illustré de superbes photos, vous retrouverez en plus pour chaque voyage :Les étapes détaillées jour par jour. Une carte avec le tracé du circuit. Un carnet de route complet avec toutes les infos pratiques et essentielles pour bien se préparer : la meilleure façon de s'y rendre, l'hébergement, le transport sur place, la gastronomie et même des solutions pour réduire son impact carbone en voyageant en train ou en bus. Plus qu'un beau-livre d'inspiration, ce livre-événement est un voyage à lui tout seul et s'adresse à tous les routards, passionnés, curieux, et amoureux de voyages avec un grand V.
Il sera une mine d'or et vous donnera toutes les pistes pour vous aider à choisir votre prochaine destination, ou vous fera tout simplement rêver et parcourir les merveilles de la planète depuis votre canapé.
Ce beau-livre hors norme, est plus que jamais une célébration du voyage, une incitation à larguer les amarres et à céder à l'appel du large.

 

Et vous, quel est votre meilleurs souvenir avec Le Routard ? 

 

 

Vous êtes passionnés de livres ? Découvrez les coulisses des métiers du livre à travers une série d'interviews.

Devenir Acheteur BD : un métier de passion ! 
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